On parle de plus en plus de « démocratie participative ».
Depuis quelques années, les édiles, les politiciens professionnels, les appareils partisans concèdent aux Citoyens le droit de participer ! Un geste charitable, en quelque sorte.
Ça permet de glaner des idées. « Il faut dire qu’occupés comme nous sommes à te dresser un décor agréable qui te fasse oublier qu’on te tond, nous n’avons pas le temps de penser par nous-mêmes« .
Et puis, surtout, ça caresse les chiens dans le sens du poil. Ça les flatte. Ça les calme.
De plus, ça ne coûte rien car on pourra toujours justifier que toute cette manne de propositions était généreuse mais irréalisable : pas d’argent, d’autres priorités, … Faut être pragmatique!
Et ça, le pragmatisme, il faut le laisser aux politiciens, aux experts, aux gens qui ont les compétences à force d’exercer le pouvoir. « Tu comprends, bon peuple, nous, nous consacrons notre vie à travailler pour l’Intérêt Général, donc, on sait ce qui est bon pour toi. Nous choisirons donc dans tout le déballage de tes aspirations deux ou trois petites choses que tu souhaites – pour te prouver combien attentivement nous t’avons écouté – et puis, pour le reste, fait nous confiance, … on sait« .
La belle idée de « démocratie participative » – pléonasme, s’il en est – est devenue la tarte à la crème pré-électorale.
Pour démontrer combien ils sont proches du peuple et attentif à ses désirs, les politiciens se penchent vers nous et tendent l’oreille. Un peu comme ces vieux curés qui écoutent votre confession avec un sourire benoit « Tssss! Tssss! Tssss! Est-ce bien raisonnable?« . Une onction, de la vaseline pour que le bulletin de vote glisse mieux dans la fente de l’urne.
Oui, Citoyen, on te fait la charité de t’écouter une fois tous les six ans !
Si tu es bien sage, bien participatif, qu’on juge que tu le fais dans un bon esprit, que tu collabores avec enthousiasme, on t’invitera à t’assoir dans un conseil de quartier avec les autres Citoyens sages. Tu auras alors l’honneur de découvrir en exclusivité les projets que l’on concocte pour ton bien. Tu pourras nous dire combien tu les trouves profitables pour toi. Tu auras même le droit de suggérer quelques aménagements, quelques retouches, quelques ajouts… s’il ne coûtent pas trop cher et ne changent pas fondamentalement le projet. Faut pas pousser non plus ! Nous les experts ont y a suffisamment bossé avant ! « On peut changer la couleur de la moquette si tu veux » (sourire).
Voila ce qu’est devenue la Démocratie participative ! Un placebo. Un rideau de fumée bleue devant la main mise des édiles. Un voile dont ils se parent pour nous faire la danse du ventre. Un os à ronger pour calmer notre faim d’être pleinement Citoyens et nos crocs qui ont envie de mordre.
Et bien, il y en a marre !
Nous, les chiens, nous allons mordre directement dans le gigot, dans la barbaque, dans le gras.
Nous, les chiens, on veut décider nous-mêmes.
Les experts, les compétents, on les paiera pour qu’ils expertisent et qu’ils compètent mais la décision c’est nous qui voulons la prendre.
Première phase : Virer ceux qui se croient de conscience divine de leur piédestal. Et hop ! Tous au même niveau, au ras des pâquerettes, les pieds sur terre comme les autres. Et que ça saute !
Deuxième étape : Se mettre tous au travail, phosphorer, suer du cerveau, accoucher nos besoins réel. Ah ben oui, hein! Vous ne croyez quand même pas que ça va se faire tout seul !
Troisième étape : Décider en commun. Ça, c’est pas facile. Décider, c’est choisir. Et choisir, c’est forcement abandonner certaines solutions pour garder celle qui est la plus juste pour tous. Ça ramone nos petits intérêts individuels mais, au final, comme tout le monde est décapé à égalité, le résultat nous est aussi profitable.
Bref !
Le premier qui me tend sa sébile participative, je lui mords le mollet au sang.
Le premier qui me dit « Viens, on va bosser ensemble« … on va bosser ensemble.